Ce sont les deux barres d'immeubles les plus longues de France : 600 mètres au total et un total de 1250 appartements. La plus grande d'entre elles, le "Cèdre bleu", peut abriter normalement 2000 habitants, l'équivalent d'un village à elle seule. Sortis de terre dans les années 1960, ces colosses de béton sont ce qu'on appelle de nos jours des "passoires thermiques".
Christiane, que l'on découvre dans le reportage de TF1 ci-dessus, vit au premier étage. Elle déplore des murs mal isolés et un chauffage collectif vétuste. En théorie, il fait 19 °C dans tout l'immeuble, mais la température varie d'une pièce à l'autre, surtout quand les fenêtres font défaut : "On sent bien le froid, même quand les fenêtres sont fermées", nous explique Christiane. Depuis septembre, les charges de l'immeuble ont grimpé de 25 %. Pour Christiane, en arrêt-maladie et qui ne touche que 400 euros d'indemnités par mois, cela représente une dizaine d'euros et c'est déjà trop.
Les Restos du Cœur prêts à accueillir plus de monde
Les factures d'énergie trop lourdes à supporter, c'est le sujet d'inquiétude qui alerte de l'autre côté de l'immeuble, les Restos du Cœur, situé au rez-de-chaussée. Dans le quartier, ils aident chaque année 600 familles. Les inscriptions pour la campagne d'hiver démarrent en ce moment. Pour la première fois en France, les Restos du Cœur vont prendre désormais systématiquement les factures d'énergie. "Ça va permettre d'accueillir plus de familles", nous explique Marylise Desailly, bénévole dans l'antenne locale, "puisqu'on va leur dire 'si vous avez des grosses factures qui arrivent cet hiver, venez nous voir et on réexaminera la situation'".
On a honte de dire qu'on a faim, ou que ça ne va pas
Une gardienne d'immeuble
Dans cette immense barre de béton, le bailleur social fait tout pour limiter au maximum la facture énergétique. Mais ça ne suffit pas toujours. Une gardienne d'immeuble l'a constaté. Elle, qui veille sur une centaine de logements, connaît mieux que quiconque la situation réelle des plus précaires. "On a honte de dire qu'on a faim, ou que ça ne va pas", témoigne-t-elle. Pour faire baisser les charges, le bailleur social s'est lancé dans un chantier de réhabilitation hors norme pour moderniser les deux barres HLM et les rendre beaucoup moins gourmandes en énergie.
Un chantier pharaonique vient de s'ouvrir, et devrait durer jusqu'en 2027, pour réhabiliter, moderniser et mieux isoler l'ensemble. La gigantesque barre va notamment être scindée en trois. La facture s'élève à plus de 300 millions d'euros, mais les charges de chauffage seront réduites au minimum pour les locataires.