A Nancy, la Cité du réemploi donne une seconde vie aux déchets du bâtiment

Véritable supermarché des matériaux d’occasion, la Cité du réemploi ouvre ses portes ce 3 mars à Nancy. Le projet a vu le jour dans le cadre d’un marché de réemploi lié à la réhabilitation de deux barres totalisant 1 257 logements.

La volonté de lutter contre le gaspillage dans le BTP a rendu possible la création de la Cité du réemploi qui ouvre ses portes ce vendredi 3 mars à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Les 1 000 m² d’espaces de vente et de remise en état installés par l’association Réciprocité dans un centre commercial désaffecté, ne donnent qu’un aperçu partiel de la quantité de matériaux stockés dans un ancien parking contigu de 2 000 m². La structure de réinsertion sociale nancéienne a en effet remporté en 2022 l’appel d’offres de l’Office métropolitain de l’habitat (OMH) portant sur le réemploi des matériaux issus de la réhabilitation de deux barres totalisant 1 257 logements. Parmi ses travailleurs en insertion, vingt-cinq personnes sont actuellement chargées de la dépose et de la remis en état de 6 500 baignoires, 4 km de garde-corps, 1 000 boites aux lettres, 1 600 châssis de fenêtre en PVC, etc. Une partie est réemployée sur le chantier même, une autre rejoint la Cité du réemploi, afin d’être revendue à des professionnels ou des particuliers.

« Au-delà du marché conclu pour une durée de quatre ans avec l’OMH, notre ambition est de faire de la Cité du réemploi un établissement pérenne, en nous positionnant sur d’autres appels d’offres de dépose et de remise en état de matériaux sur le territoire lorrain », annonce Jérémy Jacques, directeur technique de Réciprocité. L’association a ainsi décroché le marché de réemploi du chantier de réhabilitation de l’ancienne caserne militaire Thiry à Nancy (17 000 m²), sous maîtrise d’ouvrage du ministère de l’Economie et des Finances. Elle est également à l’œuvre sur l’ancien centre de maintenance ferroviaire de Montigny-lès-Metz (Moselle), réhabilité par la région Grand Est.

Parallèlement à une clientèle de particuliers, la Cité du réemploi cible les grands donneurs d’ordres. « Nous cherchons actuellement à répondre à la demande d’un acteur strasbourgeois de l’immobilier qui serait intéressé par réemployer 400 ensembles sanitaires (lavabo, baignoire, douche, WC) dans le cadre de travaux prévus d’ici un an. Cela va orienter nos recherches », poursuit le directeur technique.

Réciprocité entend enfin se positionner comme un exutoire pour les enseignes de bricolage soumises à la REP « Produits et matériaux de la construction et du bâtiment (PMCB) » dont le démarrage opérationnel a été repoussé au 1er mai 2023.

© Philippe Bohlinger

L’association Réciprocité a pu lancer une activité de réemploi avec le soutien de l’Ademe et de l’Etat.

Coût identique à un curage

Philippe Meyer, directeur de l’agence Lorraine de Demathieu Bard Construction, mandataire du groupement lauréat du marché de réhabilitation de la caserne Thiry dans le cadre d’une conception-réalisation, décrit la collaboration avec Réciprocité comme une « belle démarche humaine » ainsi qu’une « intéressante contribution au bilan RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de notre groupe ». Demathieu Bard Construction évoque un coût financier quasi similaire à la prestation d’une entreprise de déconstruction et précise que les opérations de dépose ont duré six mois, soit quatre fois plus de temps d’une opération classique de curage. Toutefois, « nous avons mis à profit les délais de conception du projet pour organiser cette dépose », note Julien Cavelius, directeur travaux chez Demathieu Bard Construction.